J’ai découvert la forêt d’Huelgoat et son chaos de blocs de granit, fin décembre 2001, sous la pluie.
Au premier abord, je me trouve dans un dédale de masses minérales aux formes usées par le temps et adoucies par la mousse qui les recouvre. Le végétal trouve naturellement sa place en se développant dans les espaces libres. La présence de l’eau glissant entre les blocs chemine tel un fil d’argent qui relie toutes ces masses remontées à la surface de la terre au fil du temps.
Des passages restreints me permettent de me frayer un chemin dans un corps à corps de plus en plus fusionnel avec les blocs. Je me sens minuscule dans cette jungle minérale autant que végétale.
Au-delà de ces premières sensations, une relation s’installe progressivement avec le milieu et chaque pas, chaque regard, chaque inspir m’ouvrent à une autre réalité.
Je perçois une certaine sensualité dans les formes, dans les rondeurs généreuses de la Terre-mère, qui m’invitent à m’engager sans retenue dans la reconnaissance de ce lieu unique.
J’ai le sentiment d’être remonté très loin dans le temps, au point de me sentir hors du temps.
Le milieu dans lequel je baigne résonne dans chacun de mes sens. L’odeur âcre et fruitée de la mousse qui couvre la pierre me pénètre, sa texture souple en surface et moelleuse en profondeur vibre sous mes doigts, la lumière rasante sur les galbes du rocher réjouissent mon regard.
Je suis bien là, en communion avec le tout.
Je touche au mystère du lieu, je l’habite et l’esprit du lieu vibre en moi.
JF Mermillod.B